Les aventures héroïques de "La Jeunesse" et "Bonne Espérance"

C’est dans ce fameux hameau de Rosembois qu’il faut mentionner les exploits de deux héroïques jeunes filles, connues sous les noms de « La Jeunesse » et « Bonne Espérance ».
Jean de la Barre, curé de Marcq est l’auteur de l’histoire de ces deux héroïnes.
« Comme elle voyait son pays désolé, tantôt par les Français, tantôt par les Flamands et les Espagnols, Anne Delavaux, originaire de Lomme, embrassa le parti des armes. A l’aide de déguisements, elle obtint avec son amie, d’être admise dans un corps d’hommes à pied : Anne, sous le nom d’Antoine d’Athis, dit « Bonne Espérance » et sa compagne, sous le nom de « La Jeunesse ».
Pendant trois ans, elles servirent avec tant de bravoure qu’Anne obtint un drapeau, c’est-à-dire le droit de former un corps à part. Elle l’organisa avec une bande d’hommes d’armes et revint faire dans les environs de Lille, une guerre de partisans et y recueillit un grand butin qu’elle partagea avec sa compagne et ses soldats.

Bientôt après cette entreprise, Anne entra dans la cavalerie avec son amie « La Jeunesse » ; elle obtint une lieutenance dans le régiment du Baron de Mercy, et sa conduite si admirable dans toutes les circonstances, sa réserve, sa piété et sa bravoure à toute épreuve et dans toute rencontre, lui firent bientôt donner une compagnie.


Lorsque pendant la minorité de Louis XIV, l’armée du roi d’Espagne, Philippe IV entra en France, elle faisait partie de la division du Général Baron de Clinchamp. Ayant reçu l’ordre d’aller faire une reconnaissance, elle avança jusqu’au château de Montargis. L’intrépide héroïne s’approcha des murs du château avec tant d’audace, qu’elle mit en fuite tous ceux qui l’habitaient ou le gardaient ; elle s’en empara après une longue résistance des hommes d’armes et elle ramena au camp une vaisselle d’argent et de beaux chevaux. Mazarin occupait alors le château de Montargis et ne dut sa liberté qu’à la clémence de « Bonne Espérance ».
A l’attaque de La Bassée en 1642, ayant appris que sa fidèle compagne venait d’avoir la tête emportée par un boulet, elle accourut sur le terrain où gisait « La Jeunesse » et afin que son sexe ne fut point découvert, elle la fit enterrer toute vêtue, dans la chapelle du château de Rosembois, à Fournes.
L’armée espagnole s’étant avancée jusque sous Paris, occupait déjà une partie du faubourg St Antoine. Les troupes françaises chargèrent les ennemis avec vigueur, mais trois fois Anne ramena ses cavaliers au combat, donnant des preuves du plus grand courage ; à la troisième, son cheval fut tué sous elle et elle dut chercher son salut dans la retraite.
Anne fut blessée à peu de temps de là, de deux coups de pistolet et d’un coup de fusil ; puis elle fut faite prisonnière. Après son échange, elle reprit du service au pays de Barge, mais elle ne voulut point rester. Comme elle revenait en Flandre avec quelques officiers et soldats, ils furent attaqués et obligés de se rendre… dépouillée à nu ainsi que ses compagnons d’infortune, c’en fut fait du secret de « Bonne Espérance » !
Menée à Pont-à-Mousson et de là à Nancy, au Maréchal de Senneterre, ce seigneur accueillit la guerrière avec de grands égards et lui offrit une compagnie de cavalerie dans les armées de Louis XIV, qu’elle refusa en ces termes :
« Monseigneur, comme la seule considération de mon honneur m’a fait embrasser l’exercice de Mars, ainsi ne le puis-je garder qu’en demeurant ferme au service de mon Roi ! »
Le Maréchal loua hautement cette fille courageuse qu’il laissa partir un mois après son arrivée. Elle se rendit à Bruxelles en 1653. L’archiduc Léopold la fit recevoir à l’Abbaye de Marquette, ensuite à celle de Bilogne à Gand, où sa pension fut payée par l’Etat jusqu’à sa mort.